Histoire de Bergues

Toponymie et historique :

Groenberg, Mont Vert ; Gruonomberg, 877 ; Bergis, 1067 ; Berghes-Saint-winock, 1297 ; Bergues-sur-Colme à la Révolution.

Histoire :

Au IXème siècle, Bergues fut formée au bord d'une région marécageuse sur un ressaut de terrain par un peuple envahisseur venu de Germanie qui lui donna le nom de "Groenberg" ou "Mont Vert". Vers 880, la localité avait été fortifiée contre les Normands par Baudouin le Chauve, Comte de Flandre, qui lui remit, en 900, les reliques de Saint Winoc. En 1022, elle fut dotée d'une Abbaye par Baudouin la Belle Barbe. Dès lors, elle déploya son activité courageuse pour organiser la conquête d'un sol parsemé de marécages et pour établir chez elle, à la façon des villes flamandes, un centre de draperies.

Au XIème siècle, elle possède un atelier monétaire. Au XIIIème siècle, elle fait partie de la Hanse de Londres et, ses métiers battant avec entrain, ses marchands tentent le grand commerce.

Chef-lieu d'une Châtellenie devenue assez importante pour obtenir, en 1240, une Charte ou Keure de la Comtesse Jeanne, elle érige son premier Beffroi, symbole de ses libertés. Elle a son échevinage, sa halle ou Maison de Ville, son scel aux actes et ses armoiries frappées du Lion de sable sur fond d’argent. Elle est devenue un des éléments essentiels du pays de la West-Flandre.

L’histoire signale sept incendies qui la dévorent toute, ou peu s'en faut, notamment en 1383 et en 1558 où la ville est détruite de fond en comble. Ses milices sont présentes aux deux batailles de Cassel, en 1070 et en 1328. La guerre rôde autour de ses murs avec les Anglais, les Français et, plus tard, avec les Espagnols qui cherchent à la soumettre, à la garder, à la piller. Nombre de fois ruinée, après la tourmente, elle se redresse avec gaillardise, reconstruit ses maisons et ses églises et répare les murs de ses remparts.

C'est après le désastre de 1383 qu'elle commence à bâtir son superbe Beffroi, construction hardie posée sur pilotis, qui résista à l'incendie de 1558, et qui reçut, au début du XVIIIème siècle, en sa partie supérieure sa forme définitive.

Prise en 1297 par Robert d'Artois et l'armée du Roi de France, puis rendue à la Flandre, occupée en 1383 par les Anglais, elle fut assiégée, prise et brûlée par les Français, soutint encore des sièges et des pillages en 1436, en 1558, en 1583 par le Prince de Parme, en 1658 par Turenne.

Cinq fois elle change de maîtres : elle appartint 522 ans aux Comtes de Flandre, 93 ans aux Ducs de Bourgogne, 79 ans à la Maison d'Autriche, 111 ans à l’Espagne. Enfin, en 1667, Louis XIV en fit le siège et la fit entrer, avec sa châtellenie, dans la grande famille Française (traité d’Aix-la-Chapelle de 1668). Il chargea Vauban de lui forger un appareil guerrier qui la rendit invulnérable : le corset de pierre, protégé par ses fossés, est toujours là avec ses hautes escarpes, ses bastions gazonnés, ses redans, ses voûtes et sa Porte du Sud où rayonne le soleil du grand Roi.

Dès le Moyen-Age, on y tissait la laine et le lin.

Bergues a vu passer dans ses murs, parmi la pompe fantastique des cortèges, les Comtes de Flandre, Edouard III, roi d’Angleterre, le farouche téméraire Maximilien d’Autriche, Charles Quint, les rois d’Espagne, Philippe II et Philippe IV, Louis XIV et Louis XV, Napoléon, en 1810, et Charles X ,en 1827.

En 1793, l’armée anglo-hanovrienne du Duc d’York éprouva ses murs mais ne réussit pas à les ébranlés.

Bergues faisait autrefois partie de la Flandre maritime et du diocèse d’Ypres : elle fut Chef-lieu de la subdélégation avant la Révolution, de district entre 1790 et l’an III, de canton depuis 1790. Elle eut un Tribunal de district sous la Révolution.

Les épreuves de la guerre 1914-1918 ne lui furent pas épargnées. Bombardée à longue portée, le mois de mai 1915, puis à de fréquentes reprises par l’aviation ennemie, le courage et la vaillance de ses habitants lui valurent la Croix de Guerre.

Mais Bergues devait souffrir de cruelle façon et son destin tragique est resté jusqu’à présent trop méconnu. La guerre de 1939-1945 lui causa des dégâts irréparables : d’abord en mai-juin 1940, lors de la bataille de Dunkerque, la ville fut en partie ruinée par les bombardements et les incendies. Ensuite, en septembre 1944, elle se trouva, ainsi que les villes voisines, dans la fameuse « poche de Dunkerque » : les Allemands, avant d’évacuer la ville, firent sauter le Beffroi et la tour de l’église. Les bombes à retardement firent de nombreuses victimes. Dunkerque, où s’était effectué, en 1940, l’embarquement des armées alliées encerclées, retenait surtout l’attention, sous son nom seul, se concentraient tous les drames qui se sont déroulés à la périphérie du grand port. Bergues demeurait ainsi confondue dans un nom glorieux d’où elle ne retirait aucun relief pour elle-même. Cependant, sa population courageuse, appuyée par une maigre garnison de 200 hommes, a tenu en respect, pendant de longs jours, l’assaut des troupes ennemies et a mérité de se voir décerner la Croix de Guerre avec étoile d’argent et d’être citée à l’ordre de l’armée.

Sources : annuaire Ravet Anceau





 

 

Bergues, aujourd’hui, est une ville accueillante où il fait bon vivre. Une reconstruction intelligente lui a permis de garder son caractère de petite ville flamande et ses remparts, construits hier pour repousser l’ennemi lui servent désormais d’écrin.

En 2007, la tranquillité de la ville sera légèrement troublée par le réalisateur Dany Boon venu tourner, à Bergues, son film Bienvenue chez les Ch'tis, film dont le succès sera très important pour le devenir touristique de la ville...